Le blog d'Arta Seiti

Kosovo : les promesses d’une campagne sous l’œil du FMI

Il faut prendre la mesure de ce que la crise politique se trouve amplifiée par une crise budgétaire consécutive à la suspension de l’aide allouée par le FMI au Kosovo, malgré « l’accord » préconisé par l’état kosovar avec le FMI et la mise en place d’un « contrôle des finances publiques » par cet organisme.

Il faut se souvenir du fait qu’après l’adhésion du Kosovo au FMI en mai 2009, un prêt de 109 millions d’euros sur trois ans avec une possibilité d’étendre ce prêt à 210 millions supplémentaires pour la période suivante lui avait été accordé et une première tranche de 22 millions d’euros a été versée au cours de l’été 2010.

Il semblerait que la volonté affichée lors des dernières élections législatives par le premier ministre Hashim Thaçi d’augmenter de 30 à 50% les salaires des fonctionnaires afin de « relancer la machine économique », ait suscité une crispation du FMI. En votant officiellement cette mesure, le Parlement a de facto rompu l’accord liant le FMI et le Kosovo.
En effet, les prêts du FMI demeurent conditionnés par la mise en œuvre de politiques d’ajustement structurel drastiques visant justement à réduire le poids de l’Etat. Le Premier ministre kosovar s’est voulu rassurant en déclarant devant le Parlement que les discussions se poursuivaient de sorte que le Kosovo puisse continuer à faire partie du programme du FMI.

Cette instabilité multiforme, qu’elle soit institutionnelle ou économique ne laisse pas d’interroger. Le journaliste Shkelzen Maliqi, affirme néanmoins, dans le quotidien kosovar Express, que « la société kosovare s’auto-organise et occupe une place majeure, supérieure à celle de l’Etat…. 30 % des familles kosovares vivent des aides de leurs proches se trouvant à l’étranger ».

Cependant, la tension évoquée, est à cet égard tout à fait emblématique d’une certaine ambivalence qui caractérise le soutien apporté par les organisations internationales et européennes au Kosovo. La réalisation d’une promesse de campagne se heurte ici en effet à des contraintes macro-économiques qui conditionnent l’aide apportée par le FMI. Certes une augmentation massive du traitement des fonctionnaires peut être critiquée au nom du réalisme économique. Mais dans le même temps la tutelle exercée par le FMI sur la conduite de la politique budgétaire du Kosovo affaiblit la légitimité des institutions encore bien fragiles et a fortiori l’apport socio-économique du nouvel état.

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