Le blog d'Arta Seiti
25 Août 2020
Les Balkans engagés dans la quête de la modernité
Il est toujours délicat d’établir la relation entre la nation et la démocratie dans l’Europe du Sud-est. L’analyse produite par Louis Dumont quant à la conception de la nation, le nationalisme et l’individualisme démocratique - ici, considéré comme une valeur centrale de la société moderne qui marque la rupture avec la société holiste - nous invite à questionner à nouveaux frais la manière dont le « tryptique individualisme-nation-démocratie » (cf. J.-.F Gossiaux), pourrait s’appliquer aux structures des sociétés balkaniques. Cela nous conduit naturellement à analyser la manière dont est prise en charge la dimension historique, au sein des sociétés « modernes » des Balkans.
A défaut de pouvoir creuser un tel sillon, peut-être nous faudrait-il alors prendre la mesure d’un postulat ethnique tendanciellement à l’œuvre au sein des dites sociétés balkaniques.
Il existe une troisième option qui consisterait à examiner, d’une part les modalités d’entrée dans cette modernité conjuguée à l’émergence d’un individualisme de type démocratique et d’autre part la persistance des récits identitaires fondés sur le primat d’une certaine ethnicité. La coexistence au sein des sociétés observées de ces deux phénomènes ne peut être que génératrice d’une tension qu’il conviendrait d’analyser finement.
Convenons que dans cette région, le concept de l’ « individu », tel qu’il est posé en relation avec celui de « modernité » - sans pour autant sous-estimer les particularités de l’homo balkanicus - n’est pas exempt dans son déploiement d’une certaine ambiguïté, quant à la délimitation de l’ identité collective et de l’identité personnelle. Toute la question est alors de savoir comment s’articule« l’identité » dans les Balkans ?
A cet égard, l’ouvrage de Vincent Descombes, Les Embarras de l’identité , interroge l’individu moderne quant à une question centrale qui touche à la nature même du sujet. « Qui suis-je ? », « Qui sommes-nous » ces questions tout d’abord lexicales, prennent tout leur sens dans la région balkanique, dans la mesure ou le « je » peine à se définir dans le « nous » et réciproquement... (article publié à la RDN).